Emilia Perez

 

Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.


Beaucoup de choses ont été dites lors de la présentation du film au dernier festival de Cannes, surtout des critiques dithyrambiques. Aussi, l’attente était grande.

J’avoue avoir eu beaucoup de mal à me remettre de l’émotion suscitée par ce film. On en ressort complètement époustouflé, une vraie claque de cinéma.

Subjugué par l’audace de Jacques Audiard qui a réussi l’exploit de nous raconter une intrigue sur fond de grand banditisme en prenant le parti de la comédie musicale. C’est flamboyant, inventif, haletant. Toutes les chansons créées par la chanteuse Camille et son compagnon Clément Ducol sont d’un réalisme et d’une profondeur qui collent parfaitement au récit. Révolte des femmes face aux cartels qui violentent et tuent, révolte de la classe ouvrière exploitée, révolte contre les mafieux qui s’enrichissent aux dépens de la population mexicaine, tout est d’une justesse percutante. Les chorégraphies sont au cordeau, ça claque et nous transperce.

Tout cela au service du thème central qui devient peu à peu aussi évident que dangereux : le courage de devenir soi et ce qu’il en coûte. Rita aide Manitas à devenir Emilia et disparaître, mais quand Emilia revient au Mexique et prend une autre décision, les choses se compliquent.

Que dire de la performance exceptionnelle de Karla Sofia Gascon qui joue les deux rôles ! Encore une fois, on est époustouflé par son jeu d’actrice, tantôt dure, tendre, déterminée, émouvante toujours. Zoé Saldana dans le rôle de l’avocate est également exceptionnelle de sobriété avec des regards à la fois tranchants mais également empreint d’empathie pour sa « cliente ». Moins convaincu par Selena Gomez..

En dire plus serait spoiler le film, gâcher le plaisir et la surprise de la découverte. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas été autant épaté par un film aussi prodigieux, n’ayons pas peur des mots. Juste un mot sur le final qui est à la hauteur du film : étonnant, émouvant, surprenant.

Bravo à Jacques Audiard pour le prix du Jury qui, pour moi, est une Palme d’Or.

Bravo aux actrices pour le prix d’interprétation féminine globale très mérité.

Enfin, je crois que pour l’année 2024, la messe est dite : ce film sera tout en haut de mon palmarès.

18,75/20










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