44ème cérémonie des César : S.O.S. émission en péril !




La 44ème cérémonie des César s'est déroulée vendredi 22 février 2019 à la salle Pleyel de Paris et présidée par l'actrice britannique Kristin Scott Thomas.
Retour sur une soirée plutôt ratée malgré quelques satisfactions.

Le grand bain et Lellouche sous la vague, Jusqu'à la garde et Audiard au coude à coude

Parti grand favori avec 10 nominations, le Grand Bain de Gilles Lellouche devra se contenter d'un seul trophée remis à Philippe Katherine en tant qu'acteur dans un second rôle pour sa composition formidable de Titi, personnage un peu lunaire à l'écran comme à la ville, à l'image du discours  de l'acteur sur la scène de Pleyel. Heureusement qu'il était là pour mettre un peu de folie lors de cette cérémonie. Mais j'y reviendrai plus tard. Donc grosse déception pour le Grand Bain qui avait pourtant réuni succès critique et public avec plus de 4 millions d'entrées.

Avec 4 César chacun, les "grands gagnants" et cela reste relatif, sont bien Xavier Legrand et Jusqu'à la garde (meilleur film, meilleure actrice, meilleure scénario, meilleur montage) et Jacques Audiard et les Frères Sisters (meilleur réalisateur, meilleurs son, photo et décors). Succès mérité pour deux films très différents mais aussi intéressants aussi bien pour la facture que pour le sujet traité : les violences conjugales pour Jusqu'à la garde et la fraternité pour les Frères Sisters. Le talent de Jacques Audiard n'est plus à prouver pour celui qui rafle prix, palme d'or ou César à chacun de ses films. Xavier Legrand qui était aussi nommé pour le César du meilleur premier film, décroche le trophée le plus convoité, amplement mérité pour une oeuvre totalement maitrisée et avec un casting hors pair.


Jacques Audiard


Alexandre Costa-Gavras (producteur) - Xavier Legrand et Kristin Scott Thomas


Xavier Legrand - Léa Drucker et Alexandre Costa-Gavras


Léa Drucker et Alex Lutz, acteurs de l'année

A la surprise générale, c'est Alex Lutz qui repart avec le César du meilleur acteur pour sa prestation de chanteur en fin de carrière dans son film Guy. Surprise car on attendait plutôt un formidable Vincent Lacoste qui a cumulé en 2018 quatre super films dont Amanda pour lequel il était nommé. Ou encore Denis Ménochet ou Romain Duris, lui qui n'arrive décidément pas à décrocher un César malgré de nombreuses nominations. Ceci dit, Lutz est formidable dans Guy et ce César n'est pas scandaleux. Tout comme celui décerné à Léa Drucker, absolument géniale dans Jusqu'à la garde, en femme harcelée et violentée par son mari. Une composition entre force et fragilité. Bravo à elle.

Complètent ce duo d'acteurs, Philippe Katherine évoqué plus haut et Karin Viard en second rôle pour son rôle de mère épouvantable et indifférente à la douleur de sa fille dans Les Chatouilles. Encore une bonne surprise (Bekti et V.Efiera partaient favorites pour leur rôle dans le Grand Bain). Karin Viard engrange donc son 3ème César, peut-être le plus important pour elle si l'on croit la ferveur de son discours de remerciements pour les deux réalisateurs.


Alex Lutz


Karin Viard


Léa Drucker


Philippe Katherine

Trois César pour un film que personne n'a vu !

Décernés en début de soirée les César du meilleur premier film et des espoirs masculin et féminin ont récompensé Shéhérazade, film qui raconte les amours d'un zonard sorti de prison et d'une beurette avec en toile de fond les quartiers nord de Marseille. Une fois de plus, l'Académie se sent obligé de donner des prix à des acteurs totalement inconnus (dans le vie, le jeune Dylan Robert est effectivement un ancien repris de justice) qu'on ne reverra sans doute jamais à l'écran ou alors dans une des émissions de télé réalité qui font les pires heures de NRJ12 ou W9, telles que les marseillais à Miami ou la villa des coeurs brisés ! Et pour un film qui n'a concerné que la famille des acteurs et pour une histoire totalement dénuée d'intérêt. Oubliés les Anthony Bajon pour la Prière, William Legbil pour Première année ou Galatéa Bellugi pour l'Apparition. Quel gâchis !

Kad Merad, le bouffon même pas drôle

Parlons maintenant de l'animation de la soirée confiée à Kad Merad. La bande annonce de la soirée diffusée depuis plusieurs jours sur Canal + promettait une soirée plutôt drôle. Hélas, le miracle n'aura duré que l'espace d'une entrée en matière sous forme d'hommage à Freddie Mercury plutôt réussi. Ensuite, la remise des trophées a été entrecoupée de blagues totalement éculées à la limite de la vulgarité, telle les interventions de Jérôme Commandeur ou de Jamel Debouzze, de "déjà vus". Le pire a été atteint pour la remise du César du public à Olivier Baroux pour les Tuche 3. On ne sait toujours pas pourquoi le père de Kad Merad est venu sur scène pour remettre le César et avec quelle légitimité. Quand Merad demande à son père de montrer à tout le monde sa légion d'honneur devant les visages consternés des invités, on a touché le fond. Il y a urgence à revoir complétement le déroulement de cette cérémonie et surtout ne pas la confier à des amateurs. Depuis que Valérie Lemercier et Antoine de Caunes ont passé la main, les César ont vraiment perdu en professionnalisme, en légèreté et en élégance.


le naufrage de Kad Merad

Pour revenir sur le César du public, je ne comprends toujours pas l'intérêt de ce type de récompense. Pourquoi ne pas créer un César de la comédie et donner la parole au public ? Cela laisserait une chance à des films tels que le Grand Bain ou à En liberté, par exemple. Le plus grand nombre d'entrées enregistrées dans l'année n'est pas un gage de qualité, à l'image des Tuche 3, sans doute le film le plus vulgaire depuis des lustres. Olivier Baroux, qui est passé du côté obscur de la production française, était plus inspiré quand je l'ai connu à Caen et qu'il faisait des émissions radio dédiées au jazz ou à la bande dessinée.  

Des hommages sobres et un César d'honneur pour Gatsby

Charles Aznavour repris par Eddy de Pretto, Michel Legrand revisité par le duo Cécile Cassel et Stéfi Celma, Karl Lagerfeld honoré par Diane Kruger, très émue, trois hommages tout en sobriété et une longue standing ovation pour l'invité de la soirée : Robert Redford. Une petite rétrospective qui nous a permis de retrouver Gatsby le magnifique, Denys d'Out of Africa, Johnny Hooker de l'Arnaque ou Hubbell Gardiner de Nos plus belles années.


Robert Redford en compagnie de Kristin Scott Thomas

Rendez-vous l'année prochaine pour la 45ème cérémonie en espérant que l'Académie prenne conscience que la soirée doit évoluer pour ne pas sombrer dans le ridicule sans quoi les cinéphiles iront voir ailleurs.



Le Palmarès complet :
Alex Lutz pour le rôle de Guy Jamet dans Guy
Léa Drucker pour le rôle de Miriam Besson dans Jusqu'à la garde
Philippe Katerine pour le rôle de Thierry dans Le Grand Bain
Karin Viard pour le rôle de Mado Le Nadant dans Les Chatouilles
Dylan Robert pour le rôle de Zachary dans Shéhérazade
Andréa Bescond et Éric Métayer pour Les Chatouilles, d'après les pièces de théâtre Les Chatouilles et La Danse de la colère
Les Petites Mains de Rémi Allier
Vilaine Fille (Kötü Kız) d'Ayce Kartal (tr)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Danish Girl

Moonlight

Oppenheimer