Camille Claudel 1915
Fin 1915, à l’asile de Mondevergues dans le Vaucluse,
Camille Claudel vit depuis deux années le quotidien d’un asile d’aliénés, seule
au milieu des handicapés mentaux parmi lesquels elle se sent étrangère.
Enfermée
par sa famille, à la suite de sa rupture avec Rodin, elle est confrontée au
désespoir et à l’injustice. Son seul
salut : la visite annoncée de son frère Paul à qui elle va demander la liberté et le
retour à la vie de famille, chez sa mère.
Seulement, Paul Claudel est persuadé que sa sœur a pêché par orgueil et qu’elle doit expier ses fautes. Sombrant
dans un délire mystique, Paul Claudel laissera sa sœur croupir pendant 30 ans
dans cet asile où elle décédera, sans doute de faim, en 1943.
Le réalisateur Bruno
Dumont nous permet de retrouver Camille Claudel là où Bruno Nuytten l’avait
laissée dans son film de 1988. On oublie vite les singeries d’Isabelle Adjani
qui devait penser que jouer la folie , c’est pousser des cris hystériques.
Avec
Juliette Binoche, l’exercice est tout autre. La comédienne est filmée en plan
fixe, visage nu, sans fard. Dans son regard, on lit toute l’incompréhension, la
désespérance et la colère de devoir vivre recluse et abandonnée.
Le réalisateur
a choisi de mettre en scène de vrais handicapés mentaux au côté de l’actrice ce
qui renforce ce sentiment de malaise, quand on comprend l’incongruité de la
présence de Camille en ces lieux. Camille est empêchée de vivre sa
passion d’artiste sculpteur, dans cet asile, tout est devenu impossible. Quand
elle regarde la nature, un arbre, qu’elle pétrit un morceau de terre, elle
réalise qu’elle a tout perdu.
Le malaise est encore plus fort quand intervient la scène
avec le frère Paul qui s’entretient avec son confesseur. Ce personnage faible
et falot, épris de religion et de sainteté sera le fossoyeur de sa sœur Camille.
Comme l’a dit justement une spectatrice, lors du débat qui a suivi la
projection du film : « cela ne donne pas envie de le relire ».
Immense performance de Juliette Binoche qui trouve dans ce
film un de ses plus grands rôles. Deux
scènes, celle avec le médecin et sa confrontation avec son frère, seront à n’en
pas douter parmi les plus grands moments de l’année cinématographique 2013.
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